Bielsa et le projet Lopez, c'est bien compatible!

Comme tous les passionnés de football, nous sommes ravis du retour de Marcelo Bielsa en Ligue 1.

Le gourou du football total et du beau jeu dans un Pierre Mauroy qui se mourait, c'est magnifique!

Cependant, la question qui revient trop souvent ces jours-ci concerne la compatibilité du personnage Bielsa avec le projet de Lopez, ce dernier ayant bien évidemment des priorités économiques, particulièrement avec la philosophie du conseiller Campos.

Tout d'abord, il est fatiguant d'entendre que business et football ne peuvent faire bon ménage. D'une part parce qu'il y a énormément de contre-exemples, et d'autre part parce que la prospérité économique est essentielle à un vrai progrès sportif des clubs de L1.

Croire qu'il n'y a que des mécènes qui ne savent pas quoi faire de leur fric dans le foot, et que c'est ça l'avenir, est une connerie sans nom!

C'est peut-être d'ailleurs pour cela que le foot français de clubs a régressé ces dernières années.

Le foot peut être un business profitable, avec une vraie stratégie sportive et marketing, ce peut même être une affaire juteuse!

Les droits TV sont plutôt élevés, et les prix sur le marché actuel des transferts (notamment avec la Chine et la Premier League), permettent d'entrevoir de très belles plus-values.

Afin de profiter de ce cercle vertueux, il faut bien évidemment une politique sportive ambitieuse et cela passe par bien faire jouer son équipe, mettre les joueurs en valeur et ramener le public au stade, soit la définition même de ce qu'est Bielsa.

Que les meilleurs joueurs soient vendus, Bielsa s'en fout, il le sait en arrivant, il n'a pas signé à Manchester United ou au Real Madrid qui eux non seulement les gardent mais les achètent à prix d'or.

Si Lopez et Campos veulent faire du business, ils devront toujours avoir une équipe compétitive à disposition de leur coach. Par ailleurs, travailler avec les jeunes joueurs est le point fort de El Loco, donc tout à fait compatible avec le projet.

Il faut rentrer dans la modernité, l'économie doit être un élément majeur du foot. Au plus tôt la L1 l’intégrera, au plus tôt nous aurons des résultats à l'échelle européenne.

Equipe de France: pourquoi pas une défense à trois?

Comme la mode, le football suit des tendances et notamment des tendances tactiques. Le début des années 2000 avait adoubé le 4-4-2, lequel avait ensuite été délaissé au bout de quelques années  pour le 4-2-3-1 (notamment celui de l'équipe de France finaliste en Allemagne), puis Guardiola est arrivé avec son 4-3-3, insolent de réussite, qui a fait plus que des émules dans l'Europe entière.

Depuis 2 saisons, la tendance est au retour du 3-5-2 où plus simplement de la défense à trois. Le Napoli de Mazzari avait été un des premiers à remettre cette tactique au goût du jour mais c'est surtout Antonio Conte à la Juve qui l'a (re)popularisé avec son trio Chiellini-Bonucci-Barzagli, qu'il a reconduit avec la Squadra Azzura lors du dernier Euro. Cette saison, avec Chelsea, le passage de sa formation dans sa tactique fétiche a propulsé les Blues en tête de la Premier League, faisant de cette équipe une machine presque imbattable. Guardiola avait adopté la défense à 3 parfois avec Barcelone ou le Bayern, Lucien Favre l'utilise souvent avec la réussite que l'on connait et Bruno Génésio, mais avec plus de difficulté. Marcelo Bielsa en reste  également un des adeptes les plus farouches.

La défense à 3 c'est avant tout une décision en fonction des joueurs que l'on a à sa disposition tant il est difficile d'avoir les joueurs adaptés à ce système. En gros, c'est plus difficile de faire du 3-4-3 que du 4-3-3. Certes, la France a atteint la finale de l'Euro l'été dernier mais il faudrait être plus que chauvin pour nier que le jeu pratiqué par les Bleus a ravi les foules. Deschamps tâtonne pour deux raisons:

1. il se sent obligé d'appeler et de faire jouer certains joueurs qui ont un statut ou qu'il aime bien (Matuidi, Evra, Sissoko...)
2. il rechigne toujours à jouer un football plus offensif que ce soit dans son 4-3-3 ou son 4-2-3-1

DEFENSE. On a souvent reproché à Varane de manquer un peu d'assurance et de méchanceté. Umtiti a parfois des sautes de concentration. Koscielny semble être le plus régulier et le plus incisif. En revanche, il semble que ces 3 joueurs aient une certaine complémentarité: l'élégance de Varane, la puissance d'Umtiti et la justesse de Koscielny. Les 3 ont un bon jeu de tête, sont relativement rapides pour le poste (ce qui est important dans ce schéma) et tous les 3 savent relancer. Derrière eux, il faudrait attendre de voir le retour de Zouma, continuer à regarder Kimpembe (qui devra au préalable dégonfler son melon qui lui sert de tête) et songer très sérieusement aux gauchers de la Liga Laporte et Hernandez (quand il sera sorti de garde à vue).

MILIEU RELAYEUR. Dans l'idéal, il y aurait toujours Kante, qui plus est, joue dans cette tactique à Chelsea. On pourrait ensuite lui adjoindre un "Matic français" comme Matuidi, voire Rabiot. Il ne faut pas oublier Kondogbia qui a fait une bonne entrée contre la Juve mais aussi Bakayoko qui progresse à Monaco, tout comme Cyprien à Nice et bien sûr Steve Nzonzi, l'éternel absent. Pour Tolisso, joker! Quand on sait que Gonalons et Chantôme ont déjà porté le maillot bleu... La paire la plus complémentaire serait Pogba-Kanté, à condition que Pogba ne se projette pas trop et accepte de travailler pour les autres, sinon le banc.

ARRIÈRES D'AILES. Ce poste est primordial mais paradoxalement il est aussi un peu un fourre-tout. Pour l'occuper, il faut surtout être très rapide et avoir une grande capacité à répéter les efforts (ce qui n'est pas dur à trouver en France). A la limite, ce n'est qu'après que la qualité de centre doit être prise en compte. Kurzawa aurait bien les 3 qualités à gauche mais il lui manque le cerveau pour assimiler le positionnement, ce qui pourrait en faire un danger. Matuidi pourrait également à l'occasion jouer ce rôle, un peu comme Sissoko pourrait le faire à droite. Conte a presque réussi à transformer Moses en Cafu... A gauche, Mendy devrait être un candidat mais aurait le même problème que Kurzawa tandis qu'a droite, Corchia pourrait être vu et Sidibé être essayé. Au moins, cela aurait le mérite de régler le problème des latéraux et permettre dans certains matchs de passer dans une formation très offensive en mettant un véritable ailier à ce poste, comme le fait parfois Allegri avec Cuadrado.

ATTAQUE. La formule de prédilection qui permettrait à notre meilleur joueur, Griezman, de briller est sans doute le 3-4-3, ou plutôt le 3-4-2-1. Il  serait le Hazard des Bleus et aurait devant lui Giroud ou son coéquipier de club Gameiro. Le poste de 9 n'est pas pourvu qualitativement en France. Lacazette est candidat et a l'avantage de pourvoir jouer un cran plus bas, tout comme Martial. Pour Dembélé du Celtic, il faut patienter. Modeste, Ben Yedder et Germain, joker! S'agissant du second attaquant de soutien, le titulaire actuel serait Payet mais celui ayant le plus de potentiel à ce poste est sans conteste Thomas Lemar. Attendons de voir ce que continue de faire Dembélé à Dortmund. Espérons que Coman retrouve du temps de jeu, quant à Ntep et Fakir...

Le problème de cette tactique est qu'elle est très exigeante physiquement mais en bleu on s'en fout, il n'y a pas beaucoup de matchs. La chose primordiale reste l'animation offensive avec le rôle des deux attaquants en retrait et d'un Pogba s'il joue. Enfin, le principal écueil est l'intelligence des joueurs, notamment sur les ailes, qui requiert beaucoup de concentration et de jugeote!

 LLORIS

VARANE-KOSCIELNY-UMTITI

SISSOKO-KANTE-POGBA-MATUIDI

GRIEZMAN-LEMAR

GIROUD

Equi

Loïs Diony : Un attaquant modèle de Ligue 1

Attention pas d'enflammade!  On ne va pas vous expliquer par A+B que Diony doit signer à Monaco ou au PSG l'été prochain. Néanmoins, ce joueur est un véritable vent de fraîcheur au regard de l'image que l'on a de l'archétype de l'attaquant qu'affectionnent nos clubs du milieu et du bas de tableau de L1.

Diony c'est tout d'abord un physique assez commun aux avant-centres de Ligue 1: très rapide, costaud et doté d'une assez bonne détente. Jusque-là, on pourrait croire que l'on parle de Jean-Christophe Bahebeck ou de Giovanni Sio.

Ce qui démarque notre ami Diony des joueurs cités auparavant, c'est sa volonté et sa réflexion sur le jeu. La volonté de toujours aller de l'avant, la volonté de réaliser des gestes techniques et des déplacements qui vont réellement servir l'équipe, un placement toujours utile à l'intelligent 4 4 2 mis en place par Dijon. Il sait jouer avec ses coéquipiers et surtout son collègue d'attaque Tavares. Question finition, ce n'est pas Falcao, mais ce n'est pas non plus le genre de joueur qui va fermer les yeux avant de frapper le plus fort possible...

Il fait des choses très simples que l'on voit rarement chez nos équipes du ventre mou ou du bas de classement, caractérisées par des attaquants stéréotypés, très limités techniquement et dans l'intelligence de jeu. Diony c'est un joueur conscient de ses lacunes, mais qui comprend parfaitement le jeu. Il sait ce qui doit être fait afin d'être dangereux, et ça, c'est déjà beaucoup et trop rare en France!

Ce n'est pas forcément une surprise de le voir débarquer de Mont-de-Marsan, Bordeaux et Nantes ne l'ont pas conservé. Certes, les recruteurs et formateurs ne sont pas devins, mais quand on voit les 9 formés dans la plupart de nos clubs....

Le debrief de NANTES-PSG

Nantes n'est plus chiant depuis l'arrivée de Sergio Conceiçao. Paris n'a pas encaissé de but en 2017. Le match s'annonçait donc bien plus intéressant que les précédents lorsque Nantes se présentait en victime expiatoire.

1ère Mi-temps

Nantes ne peut pas se reposer sur des joueurs de talent mais le 442 mobile et agressif proposé par le technicien portugais a le mérite de gêner les parisiens, notamment dans la relance. Nantes ne se procure pas ou peu d'occasion et s'expose parfois un peu trop car l'équipe a la volonté de jouer assez haut sur le terrain. Paris ouvre le score assez tôt grâce à Cavani mais le FCNA (je suis nostalgique) ne va pas pour autant se résigner et va continuer à harceler les parisiens qui ne peuvent pas jouer à un rythme de sénateur (dommage pour Thiago Motta!).

2ème Mi-temps  

Malgré quelques occasions bêtement concédées, Paris va assez rapidement se mettre à l'abris, toujours grâce à Cavani qui ne vendange finalement pas plus qu'Ibra. L'entrée de Pardo fait du bien à Nantes mais la maîtrise parisienne est trop importante avec une avance de deux buts, avance qui aurait dû être accentuée en fin de match avec les nombreuses situations créées par le trio d'entrants Ben Arfa-Di Maria-Rabiot.

NOTATION 

Nantes

Gardien. Pas d'erreur, ni d'exploit.

Latéraux. Silva a pas mal souffert face à Lucas et Meunier. Son homologue Dubois n'a pas été non plus à la fête face à un Draxler très remuant.

Centraux. Pas d'erreur manifeste mais devancés par Cavani sur le premier but. Diego Carlos est fautif sur le coup-franc qui amène le 2nd but mais son agressivité demeure un atout pour les nantais.

Ailiers. Harit a parfois du mal à se positionner, il a du talent mais est un peu brouillon. A revoir, contre une opposition de moindre qualité. Iloki va vite mais c'est à peu près tout. Remplacé par Pardo qui semble avoir les moyens de dynamiter quelques défenses de Ligue 1.

Relayeurs. Difficile de s'en sortir face au milieu à 3 du PSG, mais Gillet se bat toujours et Rongier n'a pas démérité.

Attaquants. Sala manque une balle de but à 0-0 qui ternit son match. Son profil reste intéressant dans un 442. Bammou a pas mal bougé, mais est encore irrégulier dans sa performance.

Coach. Je n'avais pas vu jouer Nantes depuis le changement d'entraineur, ni avant d'ailleurs, tant papi René était fatiguant, sur et en dehors du terrain par ce qu'il proposait. Effectivement, la mentalité a beaucoup changé. Lorsqu'on est plus pressant et plus agressif, on est automatiquement plus dangereux et plus vite dans le sens du jeu. C'est souvent suffisant en ligue 1. Le niveau technique des joueurs fait qu'il y a du déchet dans les transmissions, mais les intentions sont là. Avec une telle mentalité, Nantes ne peut pas descendre (malgré la 11ème place, Metz n'est qu'à 4 points). Avec deux ou trois joueurs de ballons (rappelons l'entrée intéressante de Pardo), Conceiçao pourrait donner une touche "Atletico" à son Nantes.

Stade. Toujours une bonne ambiance (du moins à la télévision) à Nantes et des parisiens entendus (dans le poste). Un vrai stade de foot!

Paris

Trapp. Une erreur de relance à la 14' qui aurait pu avoir des conséquences. Pour le reste, RAS. Areola devrait rester sous la couverture.

Latéraux. Meunier se donne beaucoup et propose constamment offensivement: c'est ce que veut Emery. En revanche, on sent qu'il n'a pas l'aisance des 3 autres défenseurs pour relancer sous la pression, ce qui n'augure rien de bon pour les matchs de LDC, mais il n'a rien à envier à Aurier. Maxwell: tranquille comme Baptiste.

Centraux. Rien à dire, la confiance semble revenue. Trapp y serait-il pour quelque chose?

Triangle du milieu. Motta a fait son match mais a été gêné par le pressing et la vivacité des nantais. Dans ce genre de rencontre, un profil comme Rabiot aurait été préférable. Idem pour Matuidi qui se bat et propose constamment mais sa faiblesse technique (relativement à ses coéquipiers) a gâché plusieurs actions. Verratti monte de plus en plus afin d'épauler les attaquants: ses dribbles et ses passes sont un régal, s'il continue ainsi il va encore franchir un pallier et devenir un vrai 8. S'agissant du carton, il paraîtrait que c'est la règle, alors si c'est la règle...

Ailiers. Lucas a toujours les mêmes défauts mais semble meilleur dans ce qu'il sait faire. Beaucoup d'activité et une passe décisive sur un ballon reçu de Draxler qui prend ses marques. Sa classe naturelle et sa qualité de passe vont faire beaucoup de bien au PSG. Il a parfois joué comme un meneur de jeu excentré. Il offre de la variation et change le rythme du jeu: il paraît déjà indispensable alors qu'il est encore branché sur courant alternatif.

Buteur. Du Cavani dans le texte: 2 buts, une passe presque décisive pour Di Maria et un travail défensif toujours aussi impressionnant. RDV en LDC.

Coach. Emery gère bien ses troupes et a fait des choix: Di Maria et Rabiot sur le banc. Néanmoins, le 433 un peu défensif était trop frileux. On attend un peu plus de variété dans les compos: un 4231 avec Rabiot-Verratti et une ligne de 3 avec Di Maria-Draxlber-Lucas pourrait être sympa à voir (en Ligue 1 bien sûr), en attendant Javier l'arlésienne... Son travail va devoir s'axer sur l'association technique de ces joueurs car Barcelone approche...

Pourquoi la Chine du football ne s'éveillera pas...

C'est désormais un classique dans le paysage du football mondial, lors de chaque mercato nous attendons les noms des stars qui succomberont aux millions (voire plus) des clubs chinois.

Ces sommes, devenues complètement hallucinantes, vont peut-être perturber le marché européen.

On nous explique fort justement, et même dans des médias hors foot, que le football est devenu un objectif pour le gouvernement chinois. En effet, il importe d'exister par le biais du sport ayant le plus de résonance à l'échelle mondiale à des fins économiques et géopolitiques. Tout ceci a pour but à moyen (ou plutôt long) terme d'organiser une coupe du monde où la sélection rouge n'aura pas qu'un rôle de figurant.

La stratégie pour y arriver est très simple: recruter des stars de moins de 30 ans quel qu'en soit le prix, en espérant que ces derniers n'aient pas un comportement de mercenaire millionnaire en pré-retraite. L'autre facette de cette stratégie est d'investir au sein de clubs ayant des centres de formation "réputés" afin d'emmagasiner du savoir-faire.

Sur ces deux points, pas mal de choses à redire. Tout d'abord, le fait de récupérer des joueurs de 27 ans au lieu des 32 habituels pour les championnats "exotiques" est loin d'être un gage d'implication et d'état d'esprit irréprochable. Il semble évident pour nous de comprendre ce qu'il se passe dans la tête d'un Oscar ou d'un Ramires : "Pré-retraite à moins de 30 ans... Pourquoi pas", la culture et le progrès du football chinois, absolument rien à foutre! La seule chose qui compte est de rentrer le plus de fois possible au Brésil pendant les vacances! Les joueurs locaux n'y gagnent rien.

Théoriquement, l'investissement au sein de clubs formateurs semble une bonne idée. Néanmoins, dans les faits, lorsqu'on regarde de plus près les profils des clubs dans lesquels cela a été fait, on peut émettre des doutes. Les exemples français ne sont guère probants... Sochaux et Auxerre, deux clubs qui ces cinq dernières années ont sorti Paul Georges Ntep et.... on cherche encore. De plus, copier des méthodes d'entraînements est une chose, mais avoir l'intelligence d'adapter une méthode de travail efficace aux spécificités chinoises en est une autre.

Enfin, un point sur la culture chinoise par rapport aux sports collectifs. Autant dire que cette dernière est inexistante puisque le pays le plus peuplé du monde ne brille dans aucune discipline "d'équipe". Cela n'est pas un hasard. En conjuguant cela à l'instabilité qui peut régner au niveau de la ligue chinoise et de la fédération, comme par exemple l'instauration de la règle des trois étrangers par club alors que le mercato a commencé depuis plusieurs semaines, n'aide pas à une évolution positive.

Nous pouvons leur souffler une idée qui paraît assez brute : envoyez vos meilleurs jeunes de 15 ans se former en Europe pendant au moins 5 ans !

En attendant, laissons les mêmes se remplir les poches...